L’Alsace, le Haut-Rhin en particulier, et même, Colmar comme Mulhouse ont été durement touchés par le Covid 19. Les hôpitaux de Mulhouse puis de Colmar ont été les premiers à prendre conscience de l’épidémie qui prenait forme. Le cluster de Bourtzwiller a agi comme un accélérateur de la contamination. Par mon travail et par mes relations personnelles, je suis en lien régulier avec les hôpitaux civils de Colmar. Très vite des informations me sont parvenues nous poussant au niveau professionnel au confinement une semaine avant la date fixée par le gouvernement.
Des demandes de matériel sont arrivées très rapidement de la part des hôpitaux à qui j’avais proposé mes services. De grosses entreprises nationales voir internationales ce sont alors mobilisées, et nous avons pu fournir ensemble de grandes quantités de masques, gel hydro-alcoolique, tenues tyvek, gants… principalement aux hôpitaux de Colmar. J’ai travaillé quasiment jour et nuit, afin de trouver des solutions, des transporteurs, rassurer les donateurs sur le fait que le matériel irait bien directement à l’hôpital sans passer par la case ARS, bref un travail de logistique digne d’une mission à l’international.
En parallèle, durant cette première semaine, le concours de la FFSS (Fédération Française de Sauvetage et de Secourisme) a été sollicité pour assurer des transferts vers des cliniques privées, afin de désengorger l’hôpital de Colmar. En poussant les portes des urgences, j’ai compris que pour une fois, notre mission se déroulait bel et bien en France : couloirs surchargés, personnel durement éprouvé, rotation des hélicoptères en continu, véhicules des pompes funèbres alignés…
À peine sortis de ce tumulte, de cette fourmilière, le contraste était saisissant : le calme des rues désertes nous rappelait que nous vivions un événement exceptionnel. A la fin de cette première semaine, je me suis principalement tourné vers le département 67.
Je fais partie de la Protection Civile depuis une vingtaine d’années, mais j’interviens en tant qu’expert depuis déjà plusieurs années. Du coup, à ce titre j’ai apporté mon expérience, des recommandations à la direction des opérations du 67.
Mon entreprise tournant au ralenti, j’ai consacré de très nombreuses journées aux différentes missions qui nous incombaient : cela allait du transport de malades atteints du Covid, renfort du SAMU 67, à l’assistance auprès des SDF, des squatteurs et des plus démunis durement touchés par la situation, en passant par la prise en charge des urgences psychiatriques liées directement au confinement. Nous avons également participé aux transports des patients Covid vers les TGV, formé les populations les plus démunies à l’apprentissage et à la vérification des gestes barrières, approvisionné en masques, gel hydro-alcoolique, sur-blouses et autres matériels nécessaires…
Actuellement, je suis très sollicité pour l’aide au redémarrage des entreprises, au management des équipes en cette période sensible, ainsi que pour apporter des réponses opérationnelles à des professionnels dont l’activité est déjà très réglementée en temps normal. J’ai également eu la chance d’accompagner le BRGM, l’Eurométropole de Strasbourg, l’association des commerçants de Colmar, la fédération du bâtiment du Grand Est, une fonderie, ainsi que de nombreuses entreprises aux activités très diverses.
Toutes ces différentes interventions m’ont laissé l’impression d’avoir effectué un vrai travail de chef de mission, mais en France cette fois : anticipation, recherche de partenaires sûrs, difficultés des approvisionnements, diversité des populations touchées, travail en équipe, prise de décision rapide, travail avec des partenaires inconnus jusque-là, intégration de nouveaux procédés, mise en commun de savoirs, management et gestion des émotions…
Nous ne reviendrons jamais au monde d’hier, cette crise laissera indéniablement des cicatrices profondes, tant chez de nombreux sauveteurs, soignants, et autres intervenants qui sont restés fortement impliqués durant toute cette crise, que pour le reste de la population qui a vécu totalement confinée : un traumatisme pour certains d’entre eux, une solitude exacerbée pour d’autres.
J’aimerais adresser un petit message à mes sauveteurs :
“J’ai eu des contacts avec nombre d’entre vous, et je suis fier du travail qui a été effectué de façon individuelle sur l’ensemble du territoire, et toujours avec l’état d’esprit qui caractérise le CMS. Merci à tous, nous pouvons être fiers !”